Verbatim 

“Cette exposition m’a touchée au cœur dans ce que ces femmes ont osé dévoiler de leur vulnérabilité à travers leurs cicatrices tant physiques qu’émotionnelles. Courage que leurs histoires uniques peuvent inspirer pour oser danser le monde avec nos différences et nos souffrances, au-delà des épreuves. A la rencontre d’une force intérieure insoupçonnée où la grâce jaillit au détour de chaque blessure.”

Anne Ghesquière
Créatrice du podcast Métamorphose et fondatrice du média FemininBio

Préface

Des blessures et de l’or

Il y a quelques temps, je rencontrais une femme que l’on aurait volontiers taxée de sorcière dans les périodes obscures de notre histoire. Cheveux fuchsia, regard perçant et, dans son silence, le don de percer l’invisible. Dans le joyeux désordre de son atelier, elle consume des jours entiers à réparer de la vaisselle cassée en recouvrant d’or les jointures de céramique ou de porcelaine. L’occasion d’offrir à ces objets malmenés une nouvelle beauté, plus fragile. Plus lumineuse. “Jointure en or” se dit en japonais “Kintsugi”. A force d’exercer cet art, les mains deviennent intelligentes, elles savent ce qu’elles ont à faire et laissent champ libre à la réflexion ou à la méditation. Jaillit alors une intuition toute neuve: et si le Kintsugi devenait thérapie? Ainsi fut fait. Rapidement la porte de l’atelier s’ouvre à des hommes et des femmes, à leur porcelaine cassée et à leur histoire de vie brinquebalante. Chacun amène ses blessures dont il faut prendre soin par la parole et par le geste. On tente de recouvrir d’or les cicatrices de la vie en changeant son regard sur ces écueils – lorsque cela est possible. Ce n’est plus uniquement un échec, mais une fêlure qui laisse passer la lumière. Et le miracle opère. Les cicatrices nous façonnent, nous rappellent toutes les femmes qui ont accepté de livrer leur témoignage dans ce projet. Il y a là quelque chose de bouleversant. Nos échecs, s’ils sont surmontables, sont la terre fertile de notre maturation humaine et spirituelle. Étonnante résilience. Que celles et ceux qui ont le courage d’en témoigner en soient remerciés. Leur témoignage vaut de l’or. 

Pierre Pistoletti
Journaliste RP indépendant